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MédiActeurs Nouvelle Génération
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14 mars 2011

médiation par les pairs et harcèlement

 

En 1993,c’est  pour répondre à une  demande de terrain que nous avons voulu proposer la médiation par les pairs :

- à des collégiens inquiets et incapables de travailler  correctement du fait des relations  difficiles avec leurs camarades

- et  à des élèves lassés des violences qui empoisonnaient la vie de leurs collèges et prêts à assumer des responsabilités

L’idée que des jeunes puissent être médiateurs pour leurs camarades a surpris, souvent  même inquiété. Mais très vite ces jeunes pionniers ont fait parler d’eux positivement et nous avons reçu en  1997  le premier prix du club européen de la santé décerné à Bruxelles.

Très vite aussi le concept de la médiation par les pairs, d’abord novateur, s’est vulgarisé et les expériences se sont multipliées, parfois imprudemment. Pour nous qui suivons les structures et particulièrement les collèges dans lesquels nous intervenons , la médiation par les pairs exige un cadre très précis et des règles claires :

 

-        les conflits traités en médiation sont des conflits entre jeunes, volontaires pour venir en médiation et  de l’ordre du relationnel : moqueries, insultes, mises à l’écart… Les règles doivent être données et acceptées. Pour les situations graves qui leur sont confiées, les médiateurs savent à  quel adulte  s’adresser

 

-        le rôle des adultes, quant à lui , est essentiel. Ce sont eux,  personnel de vie scolaire, de santé, enseignants, assistants d’éducation, voire  parfois parents d’élèves qui, formés, forment – sur une durée d’environ 12 séances – les jeunes aux compétences psycho-sociales : connaissance de soi, capacité d’écoute, communication, enrichissement du vocabulaire des émotions, des besoins… Puis forment les élèves, volontaires, à l’exercice de la médiation .Ce sont aussi  eux qui assurent aux médiateurs un suivi régulier et des séances de supervision. Non présents lors des actions de médiation, ils restent à proximité et disponibles.

 

-        Les élèves médiateurs, comme les médiés, sont toujours volontaires. Ils ont été formés aux techniques de la médiation et particulièrement  à la  reformulation ;ils en  connaissent ,énoncent et respectent les principes .

-        Les établissements ne restent pas isolés, sont en lien avec le formateur,  participent à des rencontres, dressent des bilans…

 

Au-delà des difficultés rencontrées - dues principalement au turn over des enseignants - ces  bilans font état de progrès notables : baisse du nombre de conseils de discipline et des exclusions, mais aussi amélioration de l’ambiance reconnue par tous les acteurs de l’établissement. Ainsi, au collège « les Plaisances » de Mantes, où la médiation par les pairs est pratiquée depuis presque 15 ans, on assiste à un revirement d’attitude des parents qui non seulement, ne demandent plus de dérogation pour éviter ce collège, mais au contraire sont en demande  pour inscrire leurs enfants dans cet établissement où ils savent que la violence sera prise en charge efficacement et durablement.

Les points forts de la médiation par les pairs sont essentiellement :

 

-        la certitude, pour un jeune  de sauver la face, de pouvoir être compris par  un camarade et de renouer le dialogue avec son adversaire sans  craindre de se  ridiculiser.

 

-        c’est aussi et surtout la possibilité pour les jeunes  d‘intervenir auprès de leurs camarades avant que le conflit, ,ne dégénère..Les  adolescents savent tout ce qui se passe dans leur collège, bien avant les adultes. Le harcèlement fait partie de ces situations dans lesquelles la prévention est essentielle et la médiation par les pairs peut  jouer ce rôle doublement préventif.

 

 

La  première partie de la formation aide  les jeunes à mieux se connaitre, à découvrir leurs qualités, donc à prendre confiance en eux ; elle les aide aussi à mieux connaitre les camarades, à comprendre et à accepter les différences et les problèmes personnels, à l’origine des moqueries et des brimades qui préparent le harcèlement. Cette formation crée du lien entre les élèves d’un même groupe  et brise  l’isolement.

 

Mais si le travail de prévention n’a pas suffi ou si l’élève moqué appartient à un autre niveau, la médiation est doublement utile. Car le problème de l’enfant rejeté par un groupe  est de se faire reconnaitre par ses pairs et la première reconnaissance vient justement des pairs médiateurs. Ceux-ci prennent en compte la demande de médiation,  rappellent les règles de bonne écoute et de dialogue, instituent l’égalité entre les deux parties, libèrent la parole pour permettre à la victime de dire et d’être écoutée, reformulent ce qu’elle exprime, et ainsi la font exister en tant que personne face à ceux qui la harcèlent. Ils la restaurent dans sa dignité et dans ses droits. Puis, si la médiation réussit, le ou les harceleurs  reconnaissent ce qu’ils ont fait subir. La médiation peut amener aussi certaines victimes, une fois libérées des émotions très fortes qui les submergent, à comprendre ce qui, parfois, dans leur attitude, entraîne le rejet ou l’agressivité.

 

         Le plus difficile est certainement d’amener les deux parties à accepter une médiation.  C’est souvent l’adulte qui va en faire la proposition. car  en général, dans le phénomène de harcèlement d’un groupe, il y a un meneur qui  teste son pouvoir en cherchant à entraîner les autres.

 

         D’autre part l’enfant harcelé, en parlant à un jeune comme lui, n’a pas le sentiment de briser la loi du silence et ose plus facilement lui dire ce qu’il subit.              Quant au harceleur, à qui l’on propose une médiation avec sa victime, l’expérience prouve qu’il vient assez facilement car il n’est pas rare que lui aussi ait besoin de parler. Le harcèlement qu’il fait subir est souvent l’extériorisation de ses propres problèmes. Il est frappant de voir dans ce genre de situation comment les jeunes victimes peuvent vite pardonner, tant est grand leur désir d’être enfin acceptés. Et comment ceux  qui suivaient le harceleur - par jeu ou par peur d’être aux mêmes pris pour cible -  s’en désolidarisent .

 

Eduquer les jeunes à la responsabilité, les aider à développer leur estime d’eux-mêmes, leur proposer des pratiques humainement pertinentes  pour éviter des comportements complaisants ou indifférents envers ces « violences ordinaires », les ouvrir à l’autonomie comme à la solidarité,  constitue un programme ambitieux mais réalisable. que les jeunes attendent du monde adulte.


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